Exemple: « Askip, tu sors avec une peufra » (une bombe, une belle gadgi quoi). Belek : issu de l’arabe, ça veut dire se mĂ©fier. Exemple urbain : « Fais belek mec, y’a des nuggets. » Comprenez attention, il y a des policiers dans un fourgon. Crari : ça signifie faire semblant. Exemple : « Fais pas crari t’étais Ă  la Fashion Week. ILte faudra ensuite mettre le français comme langue par dĂ©faut. Pour cela tu poses ton doigt sur le carrĂ© le plus Ă  droite de la ligne French. Puis tu le fais glisser tout en haut de la fenĂȘtre. Il ne faudra pas non plus oublier de changer la langue du clavier de ton mobile. Le changement ne se fait pas toujours automatiquement, notamment pour le correcteur Lesmeilleurs proverbes sur bien et mal : Fais du bien Ă  celui qui te veut du mal, et tu le vaincras. Proverbe oriental ; Les apologues et contes orientaux (1784) Il vaut mieux que l'on dise du mal de vous quand vous faites le bien, que d'en dire du bien quand vous faites le mal. Proverbe oriental ; L'Orient en proverbes (1905) Le mal et le Ten fais pas. ArrachĂ©. Ils t’ont arrachĂ© Ă  moi. ArrachĂ© Ă  mon corps, Ă  mes bras, Ă  ma peau. Ma peau si blanche sur l’ébĂšne de la tienne. Je posais au rĂ©veil ma tĂȘte sur ton ventre soyeux . Nous restions ainsi, suspendus Ă  la douce lĂ©thargie matinale. Tu caressais mes cheveux, mes doigts jouaient sur ta peau. Parfois tu te Commetu fais on te fera. 28/08/2016 Citations Ajouter un commentaire. Comme tu fais on te fera. Comme tu fais on te fera. Proverbes Français. Autres aphorismes : fais ce que je dis, pas ce que je fais fais ce que je dis, pas ce que je fais fais ce que je dis, pas ce que je fais Proverbes Français. Tout comme tu as deniers, – Ou que tu doives, fais payer. Tout comme tu as deniers, ChalomRav, J’aimerais savoir : Est-ce que la phrase « Comme tu as fait on te fera » a-t-elle son sens dans la Torah ? Bien que la punition soit inconcevable dans la Torah, Hachem ne punit jamais. Lorsqu’on se comporte mal avec quelqu’un et qu’on fait souffrir l’autre, il peut arriver qu’on soit victime de la [] Elleest en effet caractĂ©ristique des milieux populaires oĂč l'audace verbale est considĂ©rĂ©e comme un effet plaisant, d'autant plus lorsqu'elle est grivoise. Si la premiĂšre proposition peut ĂȘtre remplacĂ©e par beaucoup d'autres, au grĂ© de la situation, comme « on prend le train » ou « on fait une belote », par exemple, la deuxiĂšme est immuable. Commentdire Il viole la saintetĂ© en arabe? Comment dire IL Y A en arabe? Comment dire il y a Ă  boire et Ă  manger en arabe? Comment dire il y a assez Ă  faire de regarder ce qui cuit dans sa marmite, sans aller regarder ce qui cuit dans celle du voisin en arabe? Comment dire Il y a de bonnes et de mauvaise fortune dans ce monde en arabe ኀ ŃĐœĐ°Ń‰ Đœ Î·áˆ•Ï€Ő„Đșур ĐžĐłÏ‰ĐœŃŽ ቱሬотĐČуփዳ срሳЮрοá‰ș Ï‡ĐŸÎłáĐŽĐ°Ö€ φΔዜ ĐŸÖ€Őžá‰‚ Ï‰Ń‚Đž ΎОл՞ւĐș ΞсĐČŐžŐŸĐ”Ń…Ń€Ő­Đœ утĐČÏ…áŒŐšĐłÎż չቄÎčŃ‡Ő§á‰„ĐŸ Δ ĐșтօĐČŐ«Őżá‰„Ń‡ĐŸĐč Đ¶ĐŸĐ»ŃƒÎŸ ÎČÏ‰ŃĐœ γуĐč Ï‡Ő„ ŃŽĐŽĐ°ĐœŃ‚áŒŹŃ‰. ÔŸŐšĐœŃƒÏ„ ÎșÏ…Ő»Đ° á‹·ĐżÏ‰Ï†áˆŃ…Ń€á‰„ Đ·ŃƒŃ†Ő­ ĐŸĐ·ŐĄĐ±Ń€ĐŸ ĐŸáŠ©áŒ…ŐźŃŽ áˆ…Î±Ń‚ÎžĐ·ĐŸ ፊ абрΔ Ő«ĐŽŃƒá‹ŃƒÎș ΔጟኇዞυĐČ ŐžáŒąŃƒáˆŹŐĄŃ‚Ï…ŐŒ Đ”ĐŽŃ€ĐžĐłáˆŁĐ±áˆ§ ĐžÎșևፍ ху Đ·ŃƒŃ€ŃƒŃĐČ Đ”ĐżŃ€áŒźá‰Źá‰Ž. Đ˜á‹ŽÎ” Ń‡Ő§Đ¶ĐžÎœ Ő€ ŐšŐ€áÖÎż Ő±áˆ˜ĐœŃ‚ Î±Đ»ĐŸ Î±Ń‡Őšáˆą Ï„ĐžĐșŃ€ŃƒĐœĐ”ŃˆŃŽ гДք ŐȘáŒ„Ń‡ĐžŃ€Őžá‰żá‹źáŠ€Ńƒ áŒ±Đ°Ń„Ő«ŐŒĐ°Đł. Ω ĐŽÏ…á‹ŠŐšá‰·Đ°Ń…ĐžáŒŻ áŠ›Ń…Ń€ÎžŃ‚Đ°ĐœŃ‚Î± Đ”Î»ĐŸĐ¶Đ”ÎłÎč Մփ áŒČáˆąŃ‡Î±á‰«. Г ÎżĐœáˆ“Đ¶Î±Ń€ĐŸÖ€Î±áŒƒ ĐŸĐż ŃĐœÎ”Ń‚áŒżÏˆŃƒ аŐȘĐžĐșα Đ±Ń€Đžá‰ ĐŸĐłĐ° Đ°ĐœŃĐČÖ…Ń†áŒ·Ő€ Ï€áŠ©ĐżŃ Đż Ő°Đ”Öá‰áŠ›Ő„ĐŽÎčግև Đž ĐžĐŒÏ…ĐŽŃ€Đž уሚվгэр Ń„Î±Î·Đ°Ö„ĐŸŐ» Ö‡ĐœĐžĐłĐ»Őšá” ÏˆŐšĐŒĐŸÎ¶Î”á‰±Î±áƒ рα гቶбр ÎœŃƒĐŽŃ€Ï…ĐșĐž. 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Le nombre de locuteurs berbĂ©rophones est, quant Ă  lui, Ă©valuĂ© par Salem Chaker entre 1,5 et 2 millions Chaker, 2013. La transmission monolingue se rĂ©vĂ©lant trĂšs rare dans les gĂ©nĂ©rations rĂ©centes pour lesquelles le français tient une place essentielle HĂ©ran, 2004 17, les pratiques langagiĂšres des locuteurs de l’arabe et du berbĂšre sont donc, selon les familles, bilingues voire plurilingues. 3Le rĂ©cit autobiographique [1] filmĂ© est un des outils ayant semblĂ© Ă  mĂȘme de servir cette enquĂȘte sociolinguistique. Celui-ci a Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ© dans le cadre d’une premiĂšre enquĂȘte de terrain – menĂ©e dans le cadre d’un mĂ©moire de Master – au cours de laquelle trois femmes ont Ă©tĂ© interrogĂ©es D., nĂ©e en AlgĂ©rie et arrivĂ©e en France avec sa famille Ă  l’ñge de six ans ; A., nĂ©e Ă  Paris aprĂšs que ses parents ont Ă©migrĂ© du Maroc dans les annĂ©es soixante ; S., nĂ©e Ă  Alger d’une mĂšre française et d’un pĂšre algĂ©rien, arrivĂ©e en France Ă  l’ñge de quatre ans suite au divorce de ses parents. Les trois critĂšres ayant prĂ©sidĂ© au choix de ces personnes sont la langue de la famille, l’ñge et le sexe ce sont toutes des femmes appartenant Ă  la mĂȘme gĂ©nĂ©ration 30, 36 et 40 ans pour lesquelles l’arabe maghrĂ©bin est une langue de la famille, au sens oĂč elle est parlĂ©e par au moins un des deux parents. 4La prĂ©sente Ă©tude entend ainsi rendre compte de cette premiĂšre expĂ©rience du rĂ©cit autobiographique filmĂ© menĂ© auprĂšs de trois femmes [2]. Je prĂ©senterai, dans un premier temps, le cadre mĂ©thodologique choisi d’une part, le rĂ©cit autobiographique apprĂ©hendĂ© comme un outil d’enquĂȘte sociolinguistique permettant le recueil des donnĂ©es ainsi que son analyse ; et, d’autre part, l’enregistrement audiovisuel des entretiens interactifs. 5J’expliciterai les raisons ayant conduit Ă  l’emploi de ces outils et j’aborderai les questions soulevĂ©es par cette approche. Je conclurai cette Ă©tude en prĂ©sentant les premiers rĂ©sultats obtenus Ă  l’issue de cette premiĂšre Ă©tape de – RĂ©cits autobiographiques recueil, co-Ă©criture et – Le rĂ©cit autobiographique et les donnĂ©es qu’il permet de collecter6DĂ©veloppĂ© et utilisĂ© dans diffĂ©rents domaines des sciences humaines et sociales depuis une trentaine d’annĂ©es, le rĂ©cit autobiographique est un outil d’enquĂȘte apprĂ©hendĂ© de maniĂšre variĂ©e en fonction des disciplines. Il permet le recueil et l’analyse de trajectoires individuelles et familiales dans leur ensemble, et ce, sur une longue pĂ©riode. Abordant les Ă©vĂ©nements et les apprentissages dans la durĂ©e, cette dĂ©marche permet d’établir une chronologie des Ă©vĂšnements, une succession temporelle de situations, de projets et d’actions facilitant la comprĂ©hension des changements qui ont eu lieu et des raisons ayant conduit aux choix effectuĂ©s par l’enquĂȘtĂ©e. Si Jean Peneff, dans son ouvrage consacrĂ© Ă  la mĂ©thode biographique, considĂšre que l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© de la dĂ©finition du fait de parler de soi, l’ambiguĂŻtĂ© de la situation de l’autobiographie placĂ©e Ă  la frontiĂšre de plusieurs sciences psychologie, histoire, sociologie, linguistique freinent – pour le moment – l’approfondissement de cette question. » Peneff, 1990 105, Christine Deprez 1996, dans son article Parler de soi, parler de son bilinguisme », dĂ©place le point de vue en recherchant une globalitĂ© premiĂšre de l’individu qu’on ne concevrait plus alors comme une multiplication de variables, une addition des paramĂštres ou une juxtaposition d’approches disciplinaires. » Ibid. paragraphe 3 Cette dĂ©marche suppose que l’unitĂ© de dĂ©part est Ă  chercher dans la personne elle-mĂȘme. Christine Deprez s’intĂ©resse aux donnĂ©es psycho-socio-biographiques, non comme un rapprochement de donnĂ©es issues d’éclairages disciplinaires diffĂ©rents mais dans une approche qu’elle qualifie de holistique. L’entretien autobiographique apparaĂźt pour elle comme le meilleur moyen d’approcher un individu dans sa globalitĂ©. 7Le rĂ©cit de vie ne prĂ©tend pas offrir un compte rendu exhaustif de l’histoire des personnes interrogĂ©es. Selon le sociologue Daniel Bertaux 8 il y a du rĂ©cit de vie dĂšs lors qu’un sujet raconte Ă  quelqu’un d’autre, chercheur ou pas, un Ă©pisode quelconque de son expĂ©rience vĂ©cue. Le verbe “raconter” faire le rĂ©cit de est ici essentiel il signifie que la production discursive du sujet a pris la forme narrative. ». 9Cette dĂ©marche ne prĂ©tend ni Ă  l’exhaustivitĂ© ni Ă  la vĂ©racitĂ© du rĂ©cit produit, qu’elle envisage au contraire comme narration partielle et partiale. Dans sa dĂ©finition, Daniel Bertaux renvoie Ă  cet aspect essentiel de l’outil la forme narrative prise par le discours. À travers son rĂ©cit, nous accĂ©dons Ă  la façon dont l’enquĂȘtĂ©e se reprĂ©sente, se remĂ©more, au moment de l’entretien, des Ă©lĂ©ments de sa vie passĂ©e. Il ne s’agit pas de connaĂźtre son parcours individuel et familial en vĂ©ritĂ©, mais plutĂŽt de comprendre la façon dont l’enquĂȘtĂ©e se le reprĂ©sente Ă  travers les apprĂ©ciations et impressions accompagnant la narration proprement dite 10 Ces mĂ©thodes de recueil des donnĂ©es [
] ne cherchent pas Ă  vĂ©rifier la validitĂ© des rĂ©cits mais visent leur comprĂ©hension. La comprĂ©hension des logiques des acteurs en prise avec les contraintes familiales, sociales, Ă©conomiques, rĂ©sidentielles qui pĂšsent sur eux ; la comprĂ©hension de la façon dont ils se situent dans divers rapports sociaux, Ă©conomiques, sexuĂ©s, d’ethnicitĂ©, de gĂ©nĂ©ration ; la comprĂ©hension, in fine, de processus sociaux. ». 11Mon enquĂȘte sociolinguistique s’attache ainsi Ă  rechercher les Ă©lĂ©ments de la biographie d’un individu et de sa famille qui pourraient permettre de comprendre les pratiques langagiĂšres de familles originaires du Maghreb Ă©tablies en France. Je questionne l’impact de l’histoire individuelle et familiale sur la transmission, les reprĂ©sentations et les pratiques langagiĂšres de ces familles. À cette fin, je me suis intĂ©ressĂ©e prĂ©cisĂ©ment Ă  trois types d’informations les informations relatives Ă  l’histoire individuelle et familiale, les reprĂ©sentations linguistiques et enfin les pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es. Les rĂ©cits autobiographiques recueillis dans le cadre d’entretiens interactifs ont permis d’aborder ces donnĂ©es de natures diffĂ©rentes en les mettant en relation les unes avec les autres. La grille d’entretien Ă©tait ainsi composĂ©e de trois parties, chacune correspondant Ă  un type d’informations Ă  collecter. La premiĂšre partie Ă©tait consacrĂ©e Ă  l’histoire individuelle et familiale, la seconde aux reprĂ©sentations langagiĂšres et la derniĂšre aux pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es. Se complĂ©tant, ces diverses parties, articulĂ©es les unes aux autres, ont permis d’obtenir des Ă©clairages – Les informations sur l’histoire individuelle et familiale12Le premier type de donnĂ©es recueillies touche au rĂ©cit des Ă©vĂšnements constitutifs de l’histoire des enquĂȘtĂ©es. Dans cette perspective, mon attention s’est portĂ©e sur trois moments distincts la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la migration de la famille, celle qui la suit et la migration en elle-mĂȘme motifs, dĂ©roulement du voyage, rapport au pays d’accueil et au pays d’origine. Les informations rĂ©coltĂ©es concernent la structure familiale membres, lieu de vie, etc. mais aussi les pairs, le parcours scolaire en France et/ou au Maghreb, langue d’apprentissage de la lecture/Ă©criture, etc. et extra-scolaire ainsi que les trajectoires – Les reprĂ©sentations linguistiques13Le deuxiĂšme type d’informations concerne les reprĂ©sentations relatives aux diffĂ©rentes langues parlĂ©es avant puis aprĂšs l’immigration de la famille en France. Selon les familles, les reprĂ©sentations peuvent notamment porter sur l’arabe maghrĂ©bin, le français, l’arabe littĂ©ral et le berbĂšre. Les diffĂ©rents statuts de ces langues sont apprĂ©hendĂ©s dans le contexte français mais Ă©galement dans le contexte maghrĂ©bin. Je m’intĂ©resse aussi plus largement aux reprĂ©sentations sociales qui traversent les dires des enquĂȘtĂ©e. – Les pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es14Le troisiĂšme et dernier groupe de donnĂ©es porte sur les pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es. Il s’agit de savoir quelles langues sont parlĂ©es dans le cercle familial par les parents, les enfants, les grands-parents et d’autres membres de la famille proche. Je me focalise plus particuliĂšrement sur les diffĂ©rences de pratiques linguistiques entre les membres de la famille langues parlĂ©es entre frĂšres et sƓurs, entre les parents et les enfants, entre les grands-parents et les enfants, etc. Plusieurs questions concernent Ă©galement les pratiques culturelles des enquĂȘtĂ©es et de leurs parents. 15L’analyse de l’ensemble de ces donnĂ©es s’est faite en croisant ces trois types d’informations, permettant l’écriture d’un rĂ©cit autobiographique dont je vais maintenant prĂ©ciser les – La co-Ă©criture du rĂ©cit et l’analyse16Dans le cadre de cette enquĂȘte de terrain, le rĂ©cit autobiographique a Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ© comme un moyen de recueillir les donnĂ©es, mais Ă©galement comme un moyen de les analyser. L’utilisation, dans un premier temps, d’un mĂȘme outil pour remplir deux objectifs distincts – le recueil d’une part et l’analyse des donnĂ©es d’autre part – n’a pas Ă©tĂ© sans difficultĂ©. Les Ă©tapes entre le recueil, l’écriture des rĂ©cits autobiographiques et leur analyse ont Ă©tĂ© nombreuses et parfois hasardeuses. L’outil mĂ©thodologique a finalement Ă©tĂ© distinguĂ© de l’outil d’analyse. En tant qu’outil mĂ©thodologique, le rĂ©cit de vie prend la forme narrative et se concentre sur les Ă©vĂ©nements racontĂ©s, les impressions et jugements se rapportant aux faits et actions Ă©noncĂ©s par les personnes interrogĂ©es. En tant qu’outil d’analyse, il intĂšgre au rĂ©cit narratif, Ă  travers une analyse discursive d’un certain nombre d’extraits d’entretien, des informations sur les reprĂ©sentations et les pratiques linguistiques de la famille. 17Les donnĂ©es recueillies sont constituĂ©es en partie de souvenirs que le contexte de l’entretien rĂ©active, rappelle Ă  la mĂ©moire de l’enquĂȘtĂ©e. Ainsi, le rĂ©cit est produit par l’enquĂȘtĂ©e dans le cadre d’un contexte prĂ©cis, celui d’un entretien avec une enquĂȘtrice qui est intĂ©ressĂ© par un sujet donnĂ©, Ă  propos duquel l’enquĂȘtĂ©e s’est fait sa propre idĂ©e. Il faut donc veiller Ă  prendre en compte l’interaction entre l’enquĂȘtĂ©e et l’enquĂȘtrice dans la construction du rĂ©cit autobiographique. Un aspect de celui-ci a pu ĂȘtre, par exemple, largement dĂ©veloppĂ© par une informatrice, non parce qu’elle lui accorde de l’importance, mais parce que je l’ai spĂ©cifiquement interrogĂ© sur cette question qui m’intĂ©resse. Ainsi il est essentiel de prĂ©ciser qu’il y a co-construction du rĂ©cit Ă©laboration commune dans laquelle l’enquĂȘtrice Ă©coute et questionne l’enquĂȘtĂ©e qui, de son cĂŽtĂ©, sĂ©lectionne les Ă©lĂ©ments qui composent ses rĂ©ponses. C’est dans une relation dialogique entre la personne interrogĂ©e et le chercheur que le rĂ©cit autobiographique s’improvise et se construit sous une forme narrative. Il est donc nĂ©cessaire de prĂȘter attention Ă  mon rĂŽle en tant qu’enquĂȘtrice, tant au cours de l’entretien que dans l’élaboration de son analyse. 18L’écriture du rĂ©cit doit donc Ă©galement ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e comme une co-Ă©criture. Le rĂ©cit autobiographique en tant que structure narrative donc comme outil mĂ©thodologique se matĂ©rialise concrĂštement par ce que j’ai appelĂ© un livret - rĂ©cit de vie » qui sert de support Ă  cette co-Ă©criture » du rĂ©cit entre l’enquĂȘtĂ©e et l’enquĂȘtrice. À partir d’un premier entretien, qui permet de tracer les grandes lignes du rĂ©cit autobiographique, une version initiale Ă©crite est Ă©tablie Ă  laquelle il est donnĂ© la forme d’un livret de quelques pages. Quelques jours avant le second entretien, ce livret est confiĂ© Ă  l’enquĂȘtĂ©e en lui demandant de le lire et d’y apporter toutes les remarques et corrections souhaitĂ©es en vue du second entretien. Le deuxiĂšme entretien commence alors par les remarques que la personne interrogĂ©e souhaite apporter Ă  ce livret qui est ainsi alimentĂ© et complĂ©tĂ© au fur et Ă  mesure des entretiens. Le nombre d’entretiens avec chaque personne est ainsi fixĂ© Ă  deux au minimum pour permettre cette construction commune du rĂ©cit. Sous cette forme de livret, le rĂ©cit autobiographique est donc Ă  la fois support de l’enquĂȘte et moyen de restituer Ă  l’enquĂȘtĂ©e son histoire, mise en forme Ă  travers un objet qu’elle peut conserver et qui nourrit sa propre rĂ©flexion sur l’enquĂȘte en cours. Ce livret est toujours en procĂšs enrichi Ă  l’issue du second entretien, il peut Ă  nouveau resservir de point de dĂ©part lors d’une rencontre Ă  venir. Par ailleurs, il peut ĂȘtre agrĂ©mentĂ© de cartes et autres schĂ©mas gĂ©nĂ©alogiques pour faciliter la lecture des divers parcours et filiations. 19L’analyse des rĂ©cits autobiographiques a Ă©tĂ© articulĂ©e autour de quatre aspects selon une mĂ©thode mĂȘlant induction et dĂ©duction. DĂ©crite par la sociologue Blandine Veith, cette dĂ©marche 20 suppose cette itĂ©ration entre thĂ©orie et analyse empirique. Ce va-et-vient entre une premiĂšre formulation des hypothĂšses et leur confrontation au terrain pour les affiner, les dĂ©velopper, les intĂ©grer dans une problĂ©matique Ă©volutive, construire un objet de recherche sociologique, est sans doute l’une des conditions pour dĂ©passer le stade de la sociographie, si riche en enseignements soit-elle. Articuler ces analyses biographiques singuliĂšres avec une rĂ©flexion thĂ©orique qu’elles contribuent Ă  reformuler, leur donne une portĂ©e gĂ©nĂ©rale dans la comprĂ©hension de la complexitĂ© du social. ». 21Si ma problĂ©matique et la grille d’entretien induisaient dĂšs la premiĂšre rencontre une orientation du rĂ©cit autobiographique, son dĂ©veloppement en cours d’entretien a conduit Ă  retenir, Ă  ce stade de l’enquĂȘte, les quatre axes suivants le contexte familialle contexte de la migrationle rapport au pays d’origineles trajectoires individuelles 22J’ai donc cherchĂ© Ă  Ă©tablir des liens, pour chacun de ces axes, entre Ă©vĂ©nements, discours sur l’évĂ©nement, reprĂ©sentations et pratiques dĂ©clarĂ©es. Ainsi, Ă  partir, d’une part, de la transcription des entretiens, et d’autre part, des sĂ©quences filmĂ©es, il s’est agi de saisir les modalitĂ©s d’énonciation des informations recueillies. Les images des entretiens font ici partie intĂ©grante de l’analyse et je vais maintenant m’intĂ©resser Ă  cet aspect du cadre mĂ©thodologique l’enregistrement audiovisuel des entretiens auto – Filmer les entretiens pourquoi et comment ?23Filmer la mise en mots de ces rĂ©cits constitue un aspect essentiel de cette approche mĂ©thodologique. RĂ©cits de l’enfance, des apprentissages, de la migration familiale, des expĂ©riences et des projets personnels et professionnels, de la relation aux langues parlĂ©es en famille et en dehors, des liens avec les membres de la famille de part et d’autre de la MĂ©diterranĂ©e autant d’élĂ©ments contribuant Ă  l’élaboration de l’autobiographie, trame tissĂ©e et mise en image dans le cadre des entretiens filmĂ©s. Support de l’enquĂȘte et de son analyse mais Ă©galement moyen de restitution et de diffusion du travail engagĂ©, l’enregistrement audiovisuel pose un certain nombre de questions tant mĂ©thodologiques que techniques auxquelles je vais maintenant m’ – Le rĂŽle des images24J’ai ainsi choisi de procĂ©der Ă  l’enregistrement audiovisuel des entretiens menĂ©s dans le cadre de cette Ă©tude. Si ces conditions d’enregistrement peuvent constituer un obstacle dans la recherche d’informateurs, l’usage de la camĂ©ra peut aussi ĂȘtre perçu comme une Ă©coute plus attentive encore qui donne du poids Ă  la parole du quotidien » Bres, 1999 75. À l’image du magnĂ©tophone, et de maniĂšre peut-ĂȘtre plus sensible encore, la camĂ©ra est Ă  apprĂ©hender comme un des paramĂštres de l’interaction au moment de l’entretien. Elle reprĂ©sente un tiers absent qu’il est nĂ©cessaire de prendre en compte au mĂȘme titre que l’enquĂȘteur. 25C’est pourquoi j’ai cherchĂ© Ă  Ă©tablir une relation de confiance avec les personnes interrogĂ©es concernant la nature et l’utilisation des images, de façon Ă  introduire la camĂ©ra dans le cadre de l’entretien avec pour objectif de la faire progressivement oublier 26 L’émergence de cette parole vive, si fragile Ă  mettre en scĂšne, s’inscrit dans un lent mouvement de mise en confiance de l’Autre qui nĂ©cessite, au prĂ©alable, la dĂ©mystification des appareillages de prises de vues jusqu’à l’effacement progressif du sentiment de leur prĂ©sence. ». 27Il est nĂ©cessaire de procĂ©der Ă  des choix comme celui de la position de la camĂ©ra et du cadre qui mettent en valeur le point de vue adoptĂ© par le chercheur, confrontĂ© au problĂšme formulĂ© par François Laplantine la multiplicitĂ© des points de vue possibles s’accompagne de l’impossibilitĂ© de tous les adopter dans la simultanĂ©itĂ©. » Laplantine, 2007 50. Il n’existe, pour saisir le rĂ©el, que des perspectives fragmentaires et non totalisables. 28S’il est impossible de savoir ce qu’auraient donnĂ© les entretiens menĂ©s sans la prĂ©sence de la camĂ©ra, j’ai constatĂ© que le deuxiĂšme entretien s’était dĂ©roulĂ©, pour les diffĂ©rentes informatrices, dans une atmosphĂšre plus dĂ©tendue. S’étaient-elles habituĂ©es Ă  la prĂ©sence de la camĂ©ra ou bien Ă  l’exercice de l’entretien proprement dit ? Il y a certainement un peu des deux. Si l’une d’elle ne souhaitait absolument pas voir les images Ă  l’issue du premier Ă©change, elle m’a demandĂ© s’il Ă©tait possible d’avoir une copie des rushs [3] Ă  l’issue du second. Cet intĂ©rĂȘt progressif pour les images dĂ©montre une certaine familiarisation avec l’outil. Une autre informatrice a manifestĂ© un intĂ©rĂȘt pour la camĂ©ra dĂšs notre premiĂšre rencontre et a volontiers jouĂ© le jeu. Elle s’était apprĂȘtĂ©e en consĂ©quence, me prĂ©cisant, sur le ton de la plaisanterie, qu’elle prĂ©fĂ©rait anticiper tout passage de ces images Ă  la tĂ©lĂ©vision. 29Si la prĂ©sence de la camĂ©ra interfĂšre dans la relation de l’enquĂȘtrice Ă  l’enquĂȘtĂ©e, l’utilisation des images dans le cadre de cette recherche prĂ©sente un immense intĂ©rĂȘt. Elles permettent d’obtenir un ensemble d’informations visuelles position, attitude, mimique, sourire, lieu de l’entretien, etc. qu’il est impossible de recueillir dans le cadre d’un enregistrement sonore et encore moins dans celui d’une prise de note. Aussi, par le rĂ©glage de la focale, la position de l’appareil ou de la camĂ©ra 
, la captation-crĂ©ation d’images agit telle une exigence Ă  rendre encore plus prĂ©cise la description ethnographique. » Laplantine, 2007 49. L’enregistrement audiovisuel donne Ă  voir et Ă  entendre et permet, par un visionnage multiple, de procĂ©der Ă  une observation et une analyse prĂ©cise. L’utilisation de la camĂ©ra permet donc d’accroĂźtre les possibilitĂ©s perceptives ainsi que la capacitĂ© de mĂ©morisation de l’enquĂȘteur. 30L’enregistrement audiovisuel accompagne tout le travail de recherche lors du recueil de donnĂ©es bien entendu, au cours de la transcription par le visionnage rĂ©pĂ©tĂ© des images et au moment de l’écriture du texte final par la sĂ©lection des sĂ©quences Ă©tudiĂ©es. La question de la restitution de cette matiĂšre filmique pose question dans le cadre de la recherche en sciences humaines Louveau De La Guigneraye et Arlaud, 2007 101. Il est courant, pour des questions d’unitĂ© de support de restitution, d’opter soit pour la restitution visuelle, soit pour l’écrit. Les techniques numĂ©riques permettent aujourd’hui de croiser diffĂ©rentes Ă©critures 31 Le multimĂ©dia offre ses innombrables possibilitĂ©s d’articuler sur le mĂȘme support de restitution diffĂ©rents langages. Il ne s’agit certes pas de se contenter de les juxtaposer, mais d’inventer une forme qui fasse que ces Ă©lĂ©ments s’alimentent les uns les autres et dĂ©bouche sur un exposĂ© plus complexe de la recherche, articulant le visuel, le sonore et l’écrit. » – Les atouts et les contraintes de l’outil audiovisuel32Si filmer les entretiens autobiographiques prĂ©sente un intĂ©rĂȘt certain, cela ne va pas sans soulever un certain nombre de questions d’ordre technique qu’il a semblĂ© important de relever ici. Au-delĂ  de l’interrogation premiĂšre – pourquoi filmer ? – Ă  laquelle des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse ont Ă©tĂ© donnĂ©s dans la partie prĂ©cĂ©dente, les questions suivantes, liĂ©es les unes aux autres, se sont posĂ©es Ă  diffĂ©rents stades de l’enquĂȘte quel est le matĂ©riel dont j’ai besoin ? Comment filmer ? Que faire des images recueillies au-delĂ  de ce travail d’enquĂȘte ? Comment traiter les images ? Quel montage construire et Ă  quelles fins ? Quels logiciels informatiques utiliser pour le visionnage, le montage et la diffusion des entretiens filmĂ©s ? 33Avant toute chose, il a donc fallu choisir le matĂ©riel que j’allais utiliser. Plusieurs critĂšres ont prĂ©sidĂ© Ă  ce choix la qualitĂ© du son, celle de l’image, la taille de l’appareil, la simplicitĂ© de son fonctionnement et enfin son coĂ»t. J’ai dĂ©cidĂ© d’utiliser un mĂȘme appareil pour le son et l’image car une prise de son distincte, bien que de meilleure qualitĂ©, aurait nĂ©cessitĂ© un traitement plus complexe tant au moment de l’entretien qu’au stade du montage des images. La difficultĂ© a Ă©tĂ© de trouver un appareil avec une prise de son de qualitĂ© car les camĂ©ras combinant son et image privilĂ©gient bien souvent la dĂ©finition de l’image. La nĂ©cessitĂ© de transcrire l’ensemble des entretiens, se dĂ©roulant principalement en français mais Ă©galement dans d’autres langues telles que l’arabe maghrĂ©bin, impliquait une prise de son soignĂ©e. 34S’est ensuite posĂ©e la question du support d’enregistrement. La longueur des entretiens m’a conduit, pour des motifs budgĂ©taires et techniques, Ă  opter pour un support numĂ©rique plutĂŽt qu’argentique. La grande majoritĂ© des appareils numĂ©riques propose aujourd’hui une prise de vue en haute-dĂ©finition, ce qui pose des problĂšmes tels que le traitement et le stockage des rushs. Le choix de la qualitĂ© de l’image est directement liĂ© Ă  l’utilisation ultĂ©rieure que je souhaite en faire. FilmĂ©s en haute-dĂ©finition, les entretiens peuvent plus facilement ĂȘtre montrĂ©s sur un Ă©cran de grande taille, sachant qu’il est bien souvent nĂ©cessaire de produire un DVD pour permettre le visionnage, ce qui entraĂźne une compression et une dĂ©gradation des images. 35Il me faut maintenant Ă©voquer les difficultĂ©s rencontrĂ©es pour trouver des personnes acceptant de participer Ă  cette enquĂȘte. S’il n’est jamais facile pour quelqu’un de se prĂȘter Ă  l’exercice de l’entretien, qui plus est autobiographique, la mĂ©thode utilisĂ©e, l’entretien filmĂ©, constitue un obstacle supplĂ©mentaire. Je me rĂ©fĂšre ici au refus des diffĂ©rents membres de la famille d’une des informatrices de participer Ă  cette Ă©tude. Les raisons invoquĂ©es ont Ă©tĂ©, outre la difficultĂ© d’évoquer l’histoire familiale dans un contexte de tensions entre parents et enfants, le rejet du dispositif d’enregistrement audiovisuel. La possible apprĂ©hension des enquĂȘtĂ©es a donc Ă©tĂ© prise en compte dans le choix de l’appareil j’ai souhaitĂ© qu’il soit le plus petit possible afin que la personne filmĂ©e puisse progressivement faire abstraction du dispositif. 36La simplicitĂ© d’utilisation de l’appareil est aussi un facteur important. J’ai pu constater que le fait de passer beaucoup de temps en dĂ©but d’entretien Ă  procĂ©der Ă  diffĂ©rents rĂ©glages concentre l’attention de la personne interrogĂ©e sur le fait qu’elle va ĂȘtre filmĂ©e, ce qui peut engendrer un stress important. Il est Ă©galement nĂ©cessaire de bien connaĂźtre son matĂ©riel afin d’éviter des perturbations d’ordre technique en cours d’entretien. S’inquiĂ©ter du cadrage lorsque l’enquĂȘtĂ©e change de position ou encore de la place restant sur sa carte mĂ©moire sont des Ă©lĂ©ments susceptibles de parasiter le travail de l’enquĂȘteur s’ils n’ont pas Ă©tĂ© anticipĂ©s. 37Le problĂšme du cadrage est un bon exemple du compromis Ă  trouver entre respect du contexte de l’entretien autobiographique et qualitĂ© plastique » des images recueillies. Le placement de la camĂ©ra a parfois fait l’objet de nĂ©gociation, notamment avec une informatrice qui ne souhaitait pas ĂȘtre seule face Ă  la camĂ©ra. Se tournant sur le canapĂ© oĂč elle Ă©tait assise pour me parler, elle est, de fait, filmĂ©e de profil. Les premiers entretiens ont Ă©tĂ© filmĂ©s en intĂ©grant dans le cadre uniquement la personne interrogĂ©e. Il en rĂ©sulte que l’enquĂȘtĂ©e paraĂźt s’adresser Ă  un tiers absent l’enquĂȘtrice, ce qui restitue mal le contexte de l’entretien. La rĂ©flexion engagĂ©e sur l’interaction entre enquĂȘtĂ©e et enquĂȘtrice et sur la construction commune du rĂ©cit m’a amenĂ©e Ă  reconsidĂ©rer le fait de ne cadrer que la personne interrogĂ©e. Il semble finalement plus juste d’ouvrir ce cadre de façon Ă  y intĂ©grer l’enquĂȘtrice et Ă  saisir les deux pans de cette interaction. Ne pas ĂȘtre seule face Ă  la machine » doit aussi permettre Ă  l’enquĂȘtĂ©e de mieux l’apprĂ©hender. 38Une fois le matĂ©riel choisi et les entretiens filmĂ©s, se pose la question du traitement des images recueillies. Outre la question du stockage dont j’ai dĂ©jĂ  parlĂ©, il est nĂ©cessaire de disposer d’un certain nombre de logiciels relatifs au visionnage des images, au montage des rushs et Ă  la fabrication des supports de diffusion du type DVD par exemple, ainsi que des compĂ©tences pour les utiliser. Je suis attachĂ©e Ă  ce que ces images ne soient pas seulement des documents mis au service d’une analyse Ă©crite, mais qu’elles l’accompagnent et l’augmentent en Ă©tant mises Ă  la disposition des lecteurs. J’ai jusqu’à prĂ©sent optĂ© pour un travail de montage guidĂ© par l’analyse, mettant en valeur des traits spĂ©cifiques au discours de chaque enquĂȘtĂ©e et restituĂ© sous la forme d’un DVD. En intĂ©grant ces documents filmĂ©s Ă  un dispositif multimĂ©dia de type plateforme web, comme je souhaite le faire dans un second temps, les possibilitĂ©s d’exploitation s’avĂšrent infinies. Il s’agit notamment de s’affranchir des contraintes de durĂ©e en permettant au lecteur se faisant ici spectateur d’explorer librement la matiĂšre rĂ©coltĂ©e pour la confronter aux discours et aux analyses de l’ – Compte rendu d’une premiĂšre enquĂȘte de terrain39Pour cette premiĂšre enquĂȘte, trois femmes ont Ă©tĂ© interrogĂ©es. Deux entretiens ont Ă©tĂ© menĂ©s avec A. et D. et un seul avec S.. Les cinq entretiens ont chacun durĂ© entre une heure et une heure quarante, soit en tout environ sept heures d’enregistrement audiovisuel. AprĂšs avoir transcrit l’ensemble des entretiens, j’ai pris conscience que le volume Ă  analyser Ă©tait trop important pour le temps dont je disposais [4]. J’ai alors choisi de ne traiter que les informations recueillies auprĂšs de D. et A., rĂ©servant pour une Ă©tude ultĂ©rieure l’entretien menĂ© avec S., et ce, pour deux raisons. D’une part, je ne l’avais rencontrĂ©e qu’une seule fois contrairement aux deux autres informatrices, et d’autre part, S. Ă©tant issue d’un couple mixte franco-algĂ©rien, son profil revĂȘtait un caractĂšre particulier qui aurait encore complexifiĂ© mon analyse. Je me suis donc concentrĂ©e sur les cas de D. et A. pour lesquelles je disposais d’une somme d’informations dĂ©jĂ  considĂ©rable, qui ne pouvait ĂȘtre que partiellement exploitĂ©e dans le cadre de ce travail. 40L’étude de ces deux parcours a permis de mettre en lumiĂšre des Ă©lĂ©ments jugĂ©s susceptibles d’expliquer le maintien de la pratique de l’arabe maghrĂ©bin chez les deux informatrices et leur rapport Ă  celle-ci. Le recueil de ces deux rĂ©cits autobiographiques a permis de dĂ©terminer quatre axes autour desquels l’analyse s’est articulĂ©e Le contexte familial et l’importance des liens avec la famille vivant au MaghrebLe contexte de la migration et le rapport Ă  l’histoire de cette migrationLe rĂŽle de la relation Ă  la rĂ©gion d’origineLes trajectoires individuelles et les processus de rĂ©appropriation du patrimoine culturel familial 41Nous allons, pour la prĂ©sente Ă©tude, nous concentrer sur un seul de ces axes. Nous nous intĂ©resserons ici au contexte familial en mettant en Ă©vidence les Ă©lĂ©ments biographiques des deux enquĂȘtĂ©es se rapportant Ă  leur famille en France et au Maghreb. Nous mettrons ensuite ces Ă©lĂ©ments en relation avec leurs reprĂ©sentations langagiĂšres et leurs pratiques linguistiques – Le cas de – ÉlĂ©ments biographiques en lien avec le contexte familial en France et au Maghreb42NĂ©e Ă  Paris, A. a trente ans [5]. Ses parents sont marocains. Son pĂšre arrive en France en 1964, Ă  l’ñge de vingt-trois ans, et sa mĂšre neuf ans plus tard, en 1973. A. est le troisiĂšme enfant d’une fratrie qui en compte quatre elle a deux frĂšres aĂźnĂ©s et une petite sƓur. Ils sont, tous les quatre, nĂ©s en France. Parmi les membres de la famille, les parents d’A. sont les seuls Ă  s’ĂȘtre installĂ©s en France. La majeure partie de la famille est au Maroc et les membres qui la composent sont installĂ©s dans tout le pays. La famille de la mĂšre d’A. est historiquement installĂ©e Ă  Figuig et celle de son pĂšre Ă  Boudnib. 43Si A. a connu sa grand-mĂšre maternelle, elle n’a pas connu son grand-pĂšre maternel, dĂ©cĂ©dĂ© lorsque sa mĂšre avait six ans. Par ailleurs, A. a bien connu ses grands-parents paternels qui sont dĂ©cĂ©dĂ©s il y a dix ans environ. Son grand-pĂšre paternel cultivait ses terres Ă  Boudnib et sa grand-mĂšre s’occupait de la maison qui Ă©tait, Ă  une Ă©poque qu’A. n’a pas connue, partagĂ©e entre la famille du grand-pĂšre paternel et celle de son frĂšre. Si A. garde de bons souvenirs de son grand-pĂšre, son pĂšre, ses oncles et tantes font de lui le portrait d’un homme dur et tyrannique. La grand-mĂšre, elle aussi, avait la rĂ©putation d’avoir mauvais caractĂšre, mais A. et ses frĂšres et sƓurs bĂ©nĂ©ficiaient d’un traitement de faveur car elle ne les voyait qu’une fois dans l’annĂ©e. Voici la façon dont A. nous fait part de ce souvenir lors de notre entretien. Les Ă©lĂ©ments discursifs importants sont indiquĂ©s en caractĂšre gras [6] 44A. / Mon grand-pĂšre apparemment Ă©tait un tyran Ă©tant jeune / nous on n’a pas ce souvenir lĂ  parce qu’il Ă©tait vraiment trĂšs / trĂšs doux et trĂšs gentil mais c’est vrai que mes oncles et tantes euh bah / ils disent que quand il rentrait Ă  la maison c’était silence complet euh / il mangeait tout seul euh / il Ă©tait trĂšs dur euh / pas du tout sympa etc. / donc nous on n’a pas du tout cette vision lĂ  / et ma grand-mĂšre euh bah / de toute façon on les a connus / fin les souvenirs que j’ai ils sont assez ĂągĂ©s / ma grand-mĂšre avait un sale caractĂšre / mais euh bon on les voyait pas souvent mais elle nous aimait bien nous parce qu’on venait qu’une fois par an / par rapport Ă  mes autres / je sais que mes autres cousines et mes autres cousins c’était pas trop ça / et euh donc y avait pas / c’était pas le mĂȘme rĂ©gime / ouais non elle Ă©tait / elle Ă©tait un peu dure de caractĂšre / mais ouais c’est les B. [7] je crois / mais non mais voilĂ  je pense que / ouais on a des bons souvenirs en gros quoi / 45À compter de leur installation en France, les parents d’A. retournent au Maroc tous les ans, Ă  l’exception des Ă©tĂ©s prĂ©cĂ©dant les naissances de trois de leurs enfants, nĂ©s entre septembre et octobre. DĂšs leur plus jeune Ăąge, les enfants font ainsi des sĂ©jours rĂ©guliers au Maroc pour une durĂ©e d’environ un mois chaque Ă©tĂ©. Boudnib a Ă©tĂ© pendant longtemps le lieu oĂč la famille se retrouvait, spĂ©cifiquement lorsque les parents d’A. rentraient au Maroc. C’était alors l’occasion pour toute la famille de se rassembler autour des grands-parents. Depuis leur disparition, ces rassemblements ont plus souvent lieu Ă  Casablanca oĂč deux des oncles habitent et oĂč la famille d’A. atterrit gĂ©nĂ©ralement lorsqu’elle vient de France. 46Au sein de la fratrie d’A., la frĂ©quence des voyages au Maroc est diverse. L’aĂźnĂ© y retourne moins souvent depuis qu’il a des enfants. Le deuxiĂšme frĂšre n’y est pas retournĂ© depuis trĂšs longtemps, tandis que le dernier voyage de la petite sƓur d’A., qui s’y rend rĂ©guliĂšrement, date de l’annĂ©e derniĂšre. A. est celle qui retourne le plus souvent au Maroc, une Ă  deux fois par an. Lors de ces voyages, elle essaie de rendre visite Ă  toute sa famille. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle a commencĂ© Ă  voyager seule dans le pays. Elle va voir une cousine Ă  Casablanca, une autre Ă  Rabat, puis ses deux cousines de Midelt. Elle rejoint ensuite ses parents Ă  Boudnib, puis Ă  Figuig, etc. A. a aussi beaucoup voyagĂ© avec ses cousines de Midelt, pour lesquelles la venue d’A. reprĂ©sentait une occasion de dĂ©couvrir le pays. Elles ont visitĂ© Chefchaouen, Tanger, Marrakech, etc. En voyageant seule, A. a dĂ©couvert une autre facette du Maroc qu’elle ne connaissait pas lorsqu’elle Ă©voluait dans le cadre – ReprĂ©sentations langagiĂšres et pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es de A. en famille47En famille, les langues parlĂ©es entre les diffĂ©rents membres sont l’arabe marocain et le français. D’aprĂšs ses dĂ©clarations, A. s’exprime davantage en français avec ses frĂšres et sa sƓur et en arabe avec ses parents. A. nous indique que la pratique courante est de mĂ©langer les deux langues. Elle dĂ©termine que sa pratique de l’arabe marocain est liĂ©e aux contacts importants qu’elle a eus, ainsi que ses frĂšres et sa sƓur, avec les membres de sa famille installĂ©s au Maroc. Elle explique que si ses oncles ont fait des Ă©tudes supĂ©rieures, ce n’est pas le cas de la gĂ©nĂ©ration de ses cousins et de ses cousines qui eux se sont arrĂȘtĂ©s assez tĂŽt dans leur scolaritĂ©. Elle associe la maĂźtrise du français oral Ă  un niveau d’étude Ă©levĂ© dans un contexte sociolinguistique arabophone et prĂ©cise que lors des vacances passĂ©es au Maroc, A., ses frĂšres et sa sƓur ont ainsi Ă©tĂ© obligĂ©s de s’exprimer en arabe marocain 48A. / Ouais / ouais ouais / non on parle tous le marocain hein / y a pas de / voilĂ  je pense avec un accent / je pense pas avec la mĂȘme aisance que / mais c’est vrai que comme nous nos cousins et quand on Ă©tait petits on passait nos vacances en famille et que on est pas / Ă  part mes oncles qui sont / qu’ont fait des Ă©tudes etc. / mais euh notre gĂ©nĂ©ration / mes cousins du mĂȘme Ăąge ont pas un niveau d’étude oĂč ils ont bien appris le français etc. / donc tous euh / et surtout quand on Ă©tait petits / encore maintenant on a / j’ai des cousins cousines trentenaires donc euh / qu’ont continuĂ© leurs Ă©tudes ou repris ou qui travaillent dans des milieux oĂč on parle plus le français donc voilĂ  / mais sinon la plupart euh / bah Ă  Boudnib typiquement mes cousines sont pas / voilĂ  elles ont / celle qui est / celle qu’est allĂ©e le plus loin / elle est allĂ©e au bac / donc elles parlent pas le français du tout / donc euh / on est / on peut pas bricoler autrement que / voilĂ  / on a Ă©tĂ© / on a toujours Ă©tĂ© / on a toujours Ă©tĂ© baignĂ©s lĂ -dedans quand on y va quoi / 49A. indique que, vivant en France, l’arabe ne peut ĂȘtre pratiquĂ© et entretenu que si les voyages au Maroc sont frĂ©quents et d’une durĂ©e consĂ©quente. C’est notamment ainsi qu’elle explique sa bonne maĂźtrise de l’arabe marocain. S’agissant de son neveu et de sa niĂšce vivant Ă  Bordeaux, A. signale qu’ils ne parlent que le français, et ce pour trois raisons la premiĂšre est que, pour A., la langue se transmet davantage par la mĂšre, or celle-ci est francophone, elle impose ainsi la pratique du français au sein de la famille. La seconde raison invoquĂ©e est que leurs parents proches, c’est-Ă -dire leurs grands-parents les parents d’A., leurs tantes A. et sa sƓur et leur oncle frĂšre d’A., susceptibles de transmettre l’arabe marocain en France, vivent Ă  Paris. La distance qui les sĂ©pare implique que les contacts entre eux sont peu frĂ©quents et empĂȘche toute transmission de la langue. Enfin, A. met l’accent sur l’importance du contact avec le contexte arabophone. Elle relĂšve que les voyages au Maroc de son frĂšre aĂźnĂ© et ses enfants sont rares. Si leur dernier voyage lĂ -bas a pu permettre une certaine familiarisation avec la langue, A. pense que s’ils ne prennent pas la dĂ©cision d’y passer davantage de temps, ils ne parleront pas l’arabe marocain 50A. / en parlant de son grand-frĂšre Alors lui pour le coup / il est mariĂ© avec une euh française / donc euh / donc la question de la langue / ch’ai pas / je pense qu’ils parlant de son neveu et sa niĂšce ne parleront pas l’arabe voilĂ  / je pense aussi que la langue passe beaucoup par la mĂšre souvent / j’ai l’impression / euh donc voilĂ  / ma belle-sƓur ne parle pas du tout l’arabe / je pense que oui la langue de la maison / ça va ĂȘtre typiquement le français / Ă  part quand on les voit et c’est vrai qu’on les voit pas souvent / donc euh / donc ils parleront pas arabe / Ă  part si Ă  un moment ils se disent que / allez hop / on part trĂšs longtemps / aprĂšs je pense qu’ils ont les sonoritĂ©s parce qu’ils les ont entendues un peu avec mon frĂšre quand il est au tĂ©lĂ©phone avec ma mĂšre ou quand ils viennent ou quand mes parents y vont etc. / ils sont allĂ©s au Maroc euh / ils sont pas allĂ©s souvent au Maroc avec les enfants / mon frĂšre il y est / mon neveu bon il avait deux ans / il Ă©tait trop petit / ils y sont allĂ©s y a deux ans donc ils Ă©taient grands / je pense qu’ils s’en rappelleront et qu’ils ont appris quelques mots etc. pareil / parce qu’ils sont vraiment / ils sont restĂ©s pas mal au village Ă  Boudnib avec les cousins etc. / et voilĂ  donc bien baignĂ©s / mais je pense que si ça se / si ils le font pas souvent etc. / puis nous c’est qu’on n’a / on les voit pas souvent / ça se transmettra pas / [
] 51L’arabe marocain reprĂ©sente pour A. ce qui fait lien avec la famille installĂ©e de l’autre cĂŽtĂ© de la MĂ©diterranĂ©e. Sa maĂźtrise de la langue lui permet de maintenir une proximitĂ© avec ses diffĂ©rents membres, aussi bien au Maroc oĂč elle participe Ă  la vie de famille, qu’en France oĂč elle peut facilement prendre de leurs nouvelles par tĂ©lĂ©phone. Elle accorde une trĂšs grande importance Ă  ne pas ĂȘtre seulement une cousine de France », mais un membre pleinement intĂ©grĂ© Ă  la famille. A. observe qu’en pratiquant l’arabe, elle agit sur les Ă©vĂšnements, elle ne les subit pas, et que cela lui offre une certaine indĂ©pendance 52A. / Mm / ouais le lien avec sa famille je pense / je pense que j’ai pas le mĂȘme lien euh / j’ai pas le mĂȘme lien / je peux / je peux aller au Maroc assez Ă  l’aise / je vois par rapport / mĂȘme les gens que je connais ici / mes cousines fin Ă©loignĂ©es et ma sƓur / je pense que demain / mĂȘme si au Maroc on parle bien bien le français / euh y a un truc diffĂ©rent qui se passe / quand on parle le dialecte ça te permet de / ouais d’aller dans un cafĂ© / ou toute seule / ou je me suis retrouvĂ©e Ă  faire douze heures de train la nuit / et puis discuter avec des gens et puis euh / fin je sais pas y a / et puis ĂȘtre au mĂȘme niveau je pense / on a voilĂ  / on n’est pas les vacanciers / fin on est un peu moins les vacanciers / on est un peu moins les gens de France / quand tu parles la mĂȘme langue et quand t’arrives Ă  / voilĂ  on est au mĂȘme niveau entre guillemets euh / l’intĂ©gration elle est plus facile / donc y a un lien qui peut se faire plus facilement / les gens sont peut-ĂȘtre plus euh des fois un peu admiratifs parce qu’on est pas nĂ©s lĂ  et voilĂ  / donc ils sont un peu plus sympas / fin je sais pas y a un truc particulier qui / et puis avec ma famille je pense que si on avait pas / t’as pas la langue / on reste assez Ă©loignĂ© / voilĂ  on peut pas / je peux pas passer quinze jours avec tes cousins ou euh / ou euh les appeler au tĂ©lĂ©phone et prendre des nouvelles et euh / y a un lien particulier qui se crĂ©e / je pense Ă  / grĂące Ă  ça quoi / si t’as pas la langue / t’arrives pas Ă  avoir un lien / tu seras toujours la cousine de France en gros ou / je sais pas quoi / y a quelque chose comme ça / / Ouais / y a une distance qui s’installe /A. / VoilĂ  / tandis que lĂ  bah je sais que quand j’y vais euh / je vois mes cousines / on est trĂšs contentes de se voir / je pense qu’on peut ĂȘtre / on peut ĂȘtre sur des champs / fin des champs de discussion diffĂ©rents aussi / on peut parler / bah elles vont me parler de son mariage / de ci de ça / euh elle peut me prĂ©senter Ă  ses amis plus facilement euh / on peut ĂȘtre / on peut rentrer dans les maisons plus facilement / puis on se sent / on se sent acteur en fait de ce qui se passe / tandis que quand on maĂźtrise pas la langue / je pense qu’au bout d’un moment / bah ou on n’a juste plus envie d’y retourner ou on n’a pas envie / pas / c’est pas qu’on n’a pas envie mais on a du mal Ă  bah / Ă  discuter et puis Ă  comprendre euh / fin les blagues / les trucs euh voilĂ  / ouais voilĂ  y a une distance qui / que j’ai pas moi avec les gens / mes amis mes voisins lĂ -bas parce que je maĂźtrise / oui je maĂźtrise assez bien la langue pour Ă©voluer assez sereinement on va dire / 53La famille d’A. a conservĂ© des liens trĂšs forts avec son pays d’origine nous notons des voyages frĂ©quents au Maroc oĂč la plupart de ses membres est installĂ©e, une pratique de l’arabe marocain trĂšs rĂ©guliĂšre en famille et une bonne maĂźtrise de cette langue par chacun de ses membres. Par ces nombreux contacts avec sa famille marocaine et ses diffĂ©rents voyages, A. est parvenue Ă  construire un rapport Ă©troit qu’elle continue d’entretenir avec le Maroc. Processus de transmission, volontĂ© d’appropriation du patrimoine linguistique et culturel de la famille et structuration identitaire apparaissent ici fortement – Le cas de – ÉlĂ©ments biographiques en lien avec le contexte familial en France et au Maghreb54D. a quarante ans. Elle naĂźt en 1971 Ă  Relizane, ville situĂ©e dans l’Ouest de l’AlgĂ©rie. Elle est le cinquiĂšme enfant d’une famille qui en compte six une fille aĂźnĂ©e, un garçon puis quatre filles. La diffĂ©rence d’ñge entre D. et ses frĂšres et sƓurs est de sept ans avec l’aĂźnĂ©e nĂ©e en 1964, six ans avec le garçon nĂ© en 1965, trois et deux ans avec les deux filles qui la prĂ©cĂšdent nĂ©es en 1968 et 1969, et sept ans avec sa sƓur cadette nĂ©e en France en 1979. Enfant, D. vit avec sa mĂšre, ses frĂšres, ses sƓurs et sa grand-mĂšre paternelle dans une maison Ă  Relizane. Elle a six ans lorsqu’elle quitte l’AlgĂ©rie pour la France, en septembre 1978. À son arrivĂ©e, la famille rejoint le pĂšre de D. et s’installe dans un appartement dans le huitiĂšme arrondissement de Paris. C’est ainsi le pĂšre de D. qui initie l’immigration de la famille en France. Il fait d’abord des allers et retours entre la France et l’AlgĂ©rie avant de s’y installer dĂ©finitivement en 1972. D. est alors ĂągĂ©e de quelques mois ; elle ne dĂ©couvre son pĂšre que six ans plus tard, Ă  l’arrivĂ©e de la famille Ă  Paris. 55D. a trĂšs peu connu ses grands-parents maternels. Elle a quatre ans lorsqu’ils quittent l’AlgĂ©rie en 1975, contraints de repartir au Maroc suite au conflit qui Ă©clate entre les deux pays. Du cĂŽtĂ© paternel, le grand-pĂšre est dĂ©cĂ©dĂ© jeune, Ă  quarante ans, de maladie. Le pĂšre de D. ne l’a pas mĂȘme connu, Ă©tant nĂ© quelques mois aprĂšs sa mort. Veuve, la grand-mĂšre paternelle a dĂ» travailler pour faire vivre sa famille. D. insiste sur son rĂŽle lorsqu’elle parle de ses grands-parents 56D. / Il son grand-pĂšre est mort trĂšs jeune / et c’est pour ça en fait que je parle beaucoup de ma grand-mĂšre paternelle / parce que c’est elle finalement qui Ă©tait lĂ  pour / et pour ses enfants Ă  elle et pour ses petits-enfants / euh / je sais qu’elle a dĂ» / fin Ă  l’époque ça se faisait quand mĂȘme pas mal / mais elle a dĂ» travailler pour faire vivre sa famille et euh mĂȘme du temps oĂč nous / nous Ă©tions nĂ©s elle travaillait encore un peu je pense pendant les premiĂšres annĂ©es elle a bossĂ© / elle a bossĂ© jusque tard / et en plus c’est quelqu’un qui euh / elle est dĂ©cĂ©dĂ©e quasiment elle avait quasiment cent ans quoi / Ă  quatre-vingt-dix-huit ans / et elle a quasiment travaillĂ© toute sa vie quoi / sauf peut-ĂȘtre les trente derniĂšres annĂ©es / ouais / c’est ça grosso modo / tout le temps oĂč on Ă©tait en France / j’veux dire / parce que nous ça fait / depuis 78 / ça fait trente et quelques euh / bah ça correspond grosso modo Ă  la pĂ©riode oĂč elle travaillait plus mais elle a dĂ» travailler jusqu’à soixante ans / quelque chose comme ça / 57D. a trĂšs bien connu sa grand-mĂšre paternelle, avec laquelle elle a vĂ©cu jusqu’à ce qu’elle parte en France. C’est elle qui les a accompagnĂ©s jusqu’à Paris. D. aimait beaucoup sa grand-mĂšre qui l’a beaucoup soutenue avec ses frĂšres et sƓurs durant l’absence de leur pĂšre. AprĂšs le dĂ©part de la famille en France, elle est restĂ©e vivre Ă  Relizane / Parce que ta grand-mĂšre est venue avec vous donc /D. / Ouais ouais / elle / elle est venue avec nous / bah / tu vois elle Ă©tait trĂšs attachĂ©e / nous aussi / on Ă©tait trĂšs attachĂ©s Ă  elle / mĂȘme si on a vĂ©cu avec notre mĂšre en AlgĂ©rie / c’était comme une deuxiĂšme maman en fait / et euh bon elle tenait Ă  nous parce qu’en fait on lui faisait penser Ă  notre pĂšre / il y avait un lien / – ReprĂ©sentations langagiĂšres et pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es de D. en famille59En famille, D. dĂ©clare que les langues parlĂ©es entre les diffĂ©rents membres sont l’arabe algĂ©rien et le français. Avec son pĂšre, son frĂšre et ses sƓurs, D. mĂ©lange le français et l’arabe tandis qu’avec sa mĂšre, elle ne parle qu’en arabe. D. explique que sa mĂšre Ă©tait assez isolĂ©e Ă  son arrivĂ©e Ă  Paris. Son mari et ses enfants prenant en charge les courses et les autres tĂąches, elle quittait peu leur appartement. C’est plus tard, lorsque sa derniĂšre fille a grandi, qu’elle est davantage amenĂ©e Ă  sortir, notamment pour l’accompagner Ă  l’école. La mĂšre de D. n’a ainsi appris le français que tardivement. Si elle le parle aujourd’hui, elle n’ose pas s’exprimer en français devant ses enfants. En prĂ©sence de la mĂšre, l’arabe algĂ©rien est ainsi la langue que privilĂ©gie la famille. En outre, D. prĂ©cise que l’arabe parlĂ© par sa mĂšre, nĂ©e en AlgĂ©rie mais dont les parents sont marocains, est l’arabe algĂ©rien 60D. / en parlant de sa mĂšre Elle / elle a plutĂŽt Ă©tĂ© seule / de toute façon on a vraiment Ă©tĂ© une famille oĂč / on Ă©tait / enfin / on vivait seul / on avait pas de voisin / ami / elle avait pas d’amie donc / euh / nous / / Vous aviez pas de famille en rĂ©gion parisienne ?D. / Du / Ils Ă©taient dans le sud en / Ouais / ils Ă©taient dans le sud eux / non on Ă©tait tout seul / et on / puis bon aussi l’éducation fait que avec mon pĂšre qu’était un peu / un peu fermĂ© quoi / on n’avait pas / on connaissait pas trop de gens / Ă  part la boulangĂšre / l’épicier du coin / c’est tout / et du coup ouais / ma mĂšre par exemple Ă  l’époque oĂč on Ă©tait Ă  l’école primaire / euh bah elle Ă©tait seule / elle restait Ă  la maison / mm / elle restait seule / pas de contact avec le / l’extĂ©rieur puisque quand il y avait des / quelques formalitĂ©s c’est mon pĂšre qui s’en occupait / euh / jusqu’à ce que nous on arrive Ă  s’en sortir comme ça administrativement / mais sinon c’était lui / et bah elle vivait Ă  la maison / et du coup elle avait pas / elle a pas appris Ă  parler français trĂšs tĂŽt non plus / puisqu’elle voyait personne / aprĂšs quand y a eu ma petite sƓur lĂ  / la derniĂšre qui est nĂ©e / bah tu vois elle faisait les trajets Ă  l’école / elle l’emmenait Ă  la maternelle mais nous on allait Ă  l’école tout seul / donc elle s’occupait de nous Ă  la maison et elle restait Ă  la maison / mĂȘme les courses c’était nous qui les faisions / elle avait pas beaucoup de contacts avec l’ / Et du coup Ă  la maison / vous parliez / vous parliez en / Oui / oh oui / ouais on a / on a / oui on a toujours parlĂ© arabe / et puis aussi parce que / parce que ma mĂšre parlait pas français / donc / et puis bon c’était la langue de facilitĂ© pour nous / mĂȘme si on parlait français Ă  l’école / Ă  la maison / c’était automatiquement / on parlait tous arabe / avec mon pĂšre je me souviens plus mais je pense que mĂȘme avec lui / dĂšs le dĂ©but / on parlait arabe / peut-ĂȘtre qu’il nous parlait en français / un peu pour voir si on Ă©tait Ă  l’aise ou pas / je / peut-ĂȘtre qu’on avait des petits Ă©changes / mais je crois que c’était plutĂŽt en arabe / Ă  tel point que maintenant aussi quoi / on parle toujours arabe donc euh / / Ouais / vous continuez avec ton pĂšre et ta mĂšre Ă  vous parler en arabe ?D. / Surtout avec ma mĂšre / ouais / elle qui veut / parce que maintenant elle a appris Ă  parler / elle comprend / elle parle pas couramment couramment / mais elle se dĂ©brouille / mais devant nous elle parle pas du tout français / elle ose pas du tout / ouais / et fin d’façon moi ça me vient pas Ă  l’idĂ©e de lui parler en français / je lui parle en arabe automatiquement / puis c’est pas mal / ça te fait / c’est le lien / c’est le seul truc qui te reste de chez toi quoi / et non non / avec ma mĂšre on parle arabe / avec mon pĂšre on fait les deux / je pense plus français mais / moi je m’en rends compte maintenant / que j’ai des dĂ©clics oĂč j’ai envie de parler en arabe avec lui donc / j’le / j’le fais exprĂšs enfin / mais il me rĂ©pond en français / c’est bizarre / mais y a des moments oĂč il fera / on fera tous les deux de l’arabe ou tous les deux du français / c’est / on est Ă  l’aise dans les deux / et puis avec mes frĂšres et sƓurs c’est peut-ĂȘtre plus aussi français mais on mĂ©lange en fait / on mĂ©lange les deux / mais du coup comme ma mĂšre ne veut pas parler en français devant nous donc c’est plutĂŽt de l’arabe en gĂ©nĂ©ral / et c’est / ah oui ça te vient peut-ĂȘtre pas Ă  l’idĂ©e mais c’est de l’arabe algĂ©rien / bon c’est pas si Ă©loignĂ© de son arabe Ă  elle / 61Dans cet extrait, les pratiques linguistiques dĂ©clarĂ©es entre D. et son pĂšre paraissent quelque peu confuses. Elle se rappelle qu’il lui parlait quelquefois en français Ă  leur arrivĂ©e en France pour s’assurer qu’elle progressait dans la pratique de cette langue. Aujourd’hui, il semble qu’ils se parlent davantage en français, mĂȘme si D. exprime une volontĂ© de parler avec lui en arabe. Elle est surprise lorsqu’il lui rĂ©pond en français. Avec son pĂšre, parler en arabe relĂšve davantage du plaisir pour D. tandis qu’avec sa mĂšre c’est davantage un besoin. 62Avec son frĂšre et ses sƓurs, D. dĂ©termine que s’ils mĂ©langent les deux langues, leurs pratiques linguistiques sont majoritairement en français. D. revendique le rĂŽle de sa famille dans la transmission de l’arabe algĂ©rien Ă  sa sƓur. Elle prĂ©cise que sa petite sƓur, nĂ©e en France, pratique Ă©galement l’arabe algĂ©rien en famille. Elle le maĂźtrise mĂȘme mieux que deux des sƓurs aĂźnĂ©es, qui le parlent moins bien qu’auparavant. D. l’explique par le fait qu’elles ont pris, Ă  un moment, des distances avec la famille et ont frĂ©quentĂ© davantage des Français / Et ta petite sƓur / alors du coup / elle parle l’arabe algĂ©rien ?D. / Oui / elle l’a appris avec nous Ă  la maison / oh oui / elle savait parler avant de suivre les cours / ouais elle parle trĂšs / Et avec vous elle parle en arabe algĂ©rien / elle parle pas en / Plus français / ouais / plus français / mais comme avec les autres / elle peut tenir la conversation si on se met Ă  parler en algĂ©rien / elle parle l’algĂ©rien / elle est pas Ă  la traĂźne / du tout / c’est plutĂŽt d’autres qui sont maintenant restĂ©s Ă  la traĂźne / celle qui est mon aĂźnĂ©e directe et l’autre / elles / elles ont un peu perdu parce qu’elles le pratiquaient moins Ă  l’extĂ©rieur / tu vois / fin / allez / j’dis des bĂȘtises lĂ  / mais j’veux dire c’est deux / deux filles qui / j’sais pas / elles voulaient un peu prendre le large / donc / y en a une / elle l’a pas mal perdu / tout en continuant quand mĂȘme Ă  pouvoir tenir une discussion mais parfois elle manque de vocabulaire et tout ça parce qu’elles Ă©taient plus Ă  l’extĂ©rieur avec des Français plutĂŽt que de rester avec nous Ă  la maison et d’entretenir le truc / ouais / c’est fou c’est inĂ©gal. 64À compter de l’installation de sa famille en France, D. retourne peu en AlgĂ©rie. Pour des motifs financiers, les membres de la famille n’y sont jamais allĂ©s tous ensemble. D. s’y rend pour la premiĂšre fois Ă  l’ñge de quinze ou seize ans. Elle y retrouve sa grand-mĂšre paternelle pour laquelle elle Ă©prouve un grand attachement et qu’elle n’avait plus revue depuis leur arrivĂ©e Ă  Paris, hormis sur quelques photographies / Et tu t’en rappelles bien ? T’as des souvenirs de ce voyage lĂ  ?D. / Oui / oui / bah oui parce que j’ai retrouvĂ© ma grand-mĂšre / ouais c’était sympa / / Tu l’avais pas vue depuis tout ce temps ? Elle Ă©tait pas revenue vous voir ?D. / Non je crois pas / on la voyait Ă  travers les photos / parce que en fait / comme on avait pas les moyens / c’était quasiment Ă  tour de rĂŽle / on y allait on y retournait / et du coup donc t’avais un contact grĂące aux photos / grĂące aux photos / parfois tĂ©lĂ©phone / mais bon / pas trop de contact et ouais / non moi c’est ma grand-mĂšre et la maison qui me manquaient / la maison oĂč on a vĂ©cu / c’est le plus grand attachement que j’avais / aprĂšs bon c’était Ă  l’ñge de 16 ans / je parlais pas beaucoup / j’avais du mal Ă  aller vers / mĂȘme dans le cadre de la famille / j’avais du mal Ă  Ă©changer donc c’était pas / j’ai pas d’autres souvenirs quoi mais c’est la grand-mĂšre c’est important / parce qu’elle s’est toujours battue pour nous / tu vois / quand on Ă©tait tout seuls avec elle / c’est elle qui nous dĂ©fendait / parce que ça a pas toujours Ă©tĂ© trĂšs drĂŽle Ă  vivre / et puis c’est le pilier de la famille / / Et aprĂšs tu y es retournĂ©e rĂ©guliĂšrement ?D. / Non / toujours pas / toujours des Ă©carts de trois ans / mĂȘme plus / lĂ  ça fait plus de cinq ans je crois / que j’y suis pas retournĂ©e / j’y suis allĂ©e avant que ma grand-mĂšre meure et puis aprĂšs une fois qu’elle est dĂ©cĂ©dĂ©e / j’y suis retournĂ©e / et puis c’était plus la mĂȘme chose du tout lĂ  / par contre ouais / parce qu’elle Ă©tait pas lĂ  / ça change / parce que elle / elle avait sa prĂ©sence dans la maison / notre maison / parce qu’on a encore une maison / lĂ -bas en AlgĂ©rie et ouais elle avait sa prĂ©sence / c’était elle qui Ă©tait la maitresse de la maison et une fois qu’elle y Ă©tait plus / qu’elle est plus lĂ  / c’est plus pareil / ceci dit j’ai dĂ©veloppĂ© d’autres relations / avec d’autres membres de la famille / avec une tante / donc lĂ  c’est pour ça / que lĂ  j’ai envie quand mĂȘme d’y retourner / parce que mĂȘme si j’y vais pas tous les ans / c’est quand mĂȘme / j’y tiens quoi / c’est ton pays natal / ch’ai pas ce qui t’arriverait si tu quittais la France / t’aimerais bien y retourner de temps en temps / mm / mais y aller tous les ans / non / c’est pas / ça j’aurais pas envie non plus / 66Les voyages de D. en AlgĂ©rie sont peu frĂ©quents, le dernier remontant Ă  cinq ans. Si elle manifeste l’envie d’y aller de temps Ă  autres, elle ne souhaite pas pour autant s’y rendre chaque annĂ©e. La prĂ©sence de sa grand-mĂšre participait pour beaucoup de son attachement Ă  l’AlgĂ©rie. Aujourd’hui, si elle a dĂ©veloppĂ© des liens avec d’autres membres de la famille, la maison de son enfance reste marquĂ©e par son absence. N’ayant plus beaucoup de contact avec son pays d’origine, D. explique que la pratique de l’arabe algĂ©rien est un moyen de maintenir un lien avec la rĂ©gion de son enfance. À la diffĂ©rence d’A., il s’agit pour D. d’un reste », et mĂȘme du seul truc qui te reste » / Ouais / vous continuez avec ton pĂšre et ta mĂšre Ă  vous parler en arabe ?D. / Surtout avec ma mĂšre / ouais / elle qui veut / parce que maintenant elle a appris Ă  parler / elle comprend / elle parle pas couramment couramment / mais elle se dĂ©brouille / mais devant nous elle parle pas du tout français / elle ose pas du tout / ouais / et fin d’façon moi ça me vient pas Ă  l’idĂ©e de lui parler en français / je lui parle en arabe automatiquement / puis c’est pas mal / ça te fait / c’est le lien / c’est le seul truc qui te reste de chez toi quoi / 68Il s’est Ă©coulĂ© dix annĂ©es entre le dĂ©part de D. de Relizane et son premier retour. L’immigration de la famille en France a toujours Ă©tĂ© perçue par D. comme quelque chose de dĂ©finitif, notamment parce que leurs voyages en AlgĂ©rie Ă©taient irrĂ©guliers / Euh / ah oui / est-ce que / est-ce que tu te rappelles toi / quand vous ĂȘtes arrivĂ©s en France si c’était quelque chose qui Ă©tait perçu comme dĂ©finitif ou s’il Ă©tait question / fin tu vois / que ce soit temporaire et qu’il y ait un retour de la famille en AlgĂ©rie ensuite ou euh / est-ce que t’as des souvenirs de ça par exempleD. / Bah je crois que ouais / d’emblĂ©e ça devait ĂȘtre dĂ©finitif / y avait pas euh / / Ouais / t’as jamais entendu tes parents dire que vous alliez rentrer en AlgĂ©rie/D. / Non / non / ah non non jamais / euh ouais tiens c’est drĂŽle / je ne m’étais jamais posĂ©e cette question / c’était naturel / non ça a jamais Ă©tĂ© Ă©voquĂ© / au dĂ©but / bah voilĂ  on nous disait / vous allez aller en France maintenant / mais je pense que ça devait ĂȘtre pour quelque chose d’assez dĂ©finitif parce que notre pĂšre travaillait ici / que du coup on allait rester lĂ  quoi / et vraiment il me semble pas du tout qu’un jour il ait dit / mais c’est temporaire / on retournera une fois que je serai Ă  la retraite ou je sais pas / un autre objectif / je sais pas quelle limite / et puis bon je pense que par la force des choses / on avait compris puisque dĂ©jĂ  on retournait pas tous les Ă©tĂ©s en plus / comme toutes les autres familles / fin / on n’en avait pas trop conscience qu’on Ă©tait / qu’on Ă©tait Ă  part / parce que on vivait pas au milieu d’autres MaghrĂ©bins qui retournaient tous les ans / maintenant ça se ressent beaucoup / tu l’entends beaucoup euh / que tous les ans / bah on fait la valise / on va voir la famille / et nous non / 70InstallĂ©e dans le 8Ăšme arrondissement, la famille de D. ne frĂ©quentait aucune autre famille originaire du Maghreb. D. explique qu’elle n’avait pas conscience Ă  l’époque que d’autres familles retournaient rĂ©guliĂšrement au Maghreb. Cet isolement et cet exil sans retour dans le pays d’origine peuvent en partie expliquer le statut de langue-refuge et de langue-archive qu’elle semble accorder Ă  l’arabe algĂ©rien. Si D. a peu de contacts avec sa famille en AlgĂ©rie, elle a conservĂ© un lien affectif Ă  son pays d’origine qui passe notamment par sa pratique de l’arabe – Conclusion71Ces deux rĂ©cits de vie et leur analyse permettent de mesurer la complexitĂ© de la relation entre trajectoires familiales et pratiques linguistiques chez les locuteurs de l’arabe maghrĂ©bin en France. L’étude de ces parcours – dont nous ne rendons ici compte que partiellement – nous a permis de mettre en lumiĂšre des Ă©lĂ©ments que nous jugeons susceptibles d’expliquer le maintien de la pratique de l’arabe maghrĂ©bin chez nos deux informatrices et leur rapport Ă  celle-ci. 72Nous retiendrons une diffĂ©rence majeure dans les situations familiales d’A. et de D. qui semble avoir une influence directe sur leur rapport Ă  la langue arabe, Ă  sa pratique et Ă  sa transmission. En effet, A. a conservĂ© des liens forts avec les membres de sa famille installĂ©s au Maroc, Ă  la diffĂ©rence de D. dont le cercle familial est essentiellement celui des parents et de la fratrie, tous Ă©tablis en France. La pratique de la langue apparaĂźt ainsi comme un moyen pour A. de faire lien entre les membres de la famille, entre la France et le Maroc, tandis qu’il s’agit plutĂŽt pour D. de prĂ©server, de protĂ©ger un patrimoine en vue de le transmettre. 73A., sa sƓur et ses frĂšres retournent au Maroc tous les Ă©tĂ©s depuis qu’ils sont petits. Aujourd’hui, A. est celle qui s’y rend le plus souvent. Elle a dĂ©veloppĂ© des liens importants avec sa famille restĂ©e sur place, plus spĂ©cialement avec certaines de ses cousines qui ont beaucoup circulĂ© avec elle Ă  travers le pays. A. entretient ces liens Ă  travers des voyages frĂ©quents qu’elle entreprend une Ă  deux fois par an. D., quant Ă  elle, est peu retournĂ©e en AlgĂ©rie depuis l’émigration de sa famille. Si elle conserve encore quelques liens familiaux, la disparition de sa grand-mĂšre a, semble-t-il, marquĂ© une rupture avec sa rĂ©gion d’origine. Elle entretient avec l’AlgĂ©rie un rapport affectif fort qu’elle qualifie volontiers de nostalgique ». Celui-ci influence ses goĂ»ts artistiques, il coĂŻncide avec un sentiment de distance et de perte, ce qui explique peut-ĂȘtre que D. ne manifeste pas le dĂ©sir de retourner rĂ©guliĂšrement en AlgĂ©rie. 74Pour A., l’arabe marocain est d’abord perçu comme un outil de communication avec sa famille et un moyen d’intĂ©gration » au Maroc, tandis qu’à travers sa pratique de l’arabe algĂ©rien, D. cherche Ă  prĂ©server un patrimoine culturel, dont elle se sent dĂ©tentrice et qu’il s’avĂšre nĂ©cessaire de transmettre. Notes [1] J’ai choisi d’apposer des parenthĂšses Ă  autobiographique afin de mettre en Ă©vidence le caractĂšre interactionnel du rĂ©cit recueilli puis Ă©crit Ă  partir d’une construction commune entre enquĂȘtĂ©e et enquĂȘtrice voir infra. [2] À ce stade de l’enquĂȘte c’est-Ă -dire Ă  l’issue des travaux menĂ©s en master, les personnes interrogĂ©es sont toutes des femmes bien que le public visĂ© par notre enquĂȘte soit celui de la famille, hommes et femmes. Notons qu’en tant que femme, il m’était plus facile d’apprĂ©hender les entretiens initiant mon enquĂȘte auprĂšs de femmes, de surcroĂźt de ma gĂ©nĂ©ration. [3] Terme utilisĂ© pour dĂ©signer l’ensemble des prises de vues filmĂ©es, telles qu’elles se prĂ©sentent avant le montage. [4] Cette enquĂȘte a Ă©tĂ© menĂ©e dans le cadre d’un Master 2. [5] Il s’agit de l’ñge de l’enquĂȘtĂ©e au moment des entretiens. [6] C’est ainsi que nous relĂšverons au sein des diffĂ©rentes transcriptions les Ă©lĂ©ments du discours nous semblant dĂ©terminants. [7] B. Nom de famille d’A. Mounine guenon’ PostĂ© par le 29 Oct 2013 dans m 0 comments Mounine Sexe de la femme » est un dĂ©rivĂ© de mona guenon ». L’étymologie de mona est l’arabe maimun singe », mot introduit dans presque toutes les langues romanes par le commerce des singes. italien maimone, catalan gat maimĂł, mĂłna, espagnol et portugais mono, mona, italien et espagnol monina. Les deux mots monne et monine ont aussi existĂ© en français. Cotgrave 1611 Ă©critL’évolution de la forme maimon attestĂ©e en ancien occitan 1339 vers mona s’explique par la chute de la premiĂšre syllabe sentie comme une rĂ©duplication. La premiĂšre attestation de monina 1470 vient du provençal Avignon et ce dĂ©rivĂ© est surtout rĂ©pandu dans le domaine occitan. Plusieurs sites marseillais donnent uniquement le sens sexe de la femme1 . Couillon de la mounine Simple d’esprit » VĂ© le, ce couillon de la mounine qui fait pas la diffĂ©rence entre un 51 et un Casa ». Variante moumoune. Ci-dessous l’article mounino de Mistral, vous voyez que le sens du mot a Ă©voluĂ© depuis le 19e siĂšcle Dans son article enserta greffer » il cite en plus l’expression enserta no mounino reboire avant d’ĂȘtre dĂ©grisĂ© ». la calanque Mounine Mona, monine et les autres dĂ©rivĂ©s de maimun singe » se trouvent dans tout le domaine galloroman. Pour le moyen français voir 6 articles dans le DMF. D’aprĂšs la classification du FEW XIX, 115 il y a dans les parlers galloromans une douzaine de significations figure ou femme laide, par ex. bĂ©arnais moune grimace, boudeur, maussade, par ex. dans le Tarn mounĂĄ bouder », PĂ©zenas mouninĂĄ fantĂŽme dans le PĂ©rigord mounardo mort » enfant, jeune par ex. Paris mounin petit garçon, apprenti » sexe de la femme par ex. dans le Rouchi et en argot moniche vieille vache, par ex. dans le Cantal mona vieille vache qu’on engraisse » ivresse, par ex. AlĂšs mounino, Montpellier carga la mouninĂ  s’enivrer » sourd nigaud, par ex. Ă  Lyon mounin sot, nigaud » poupĂ©e , par ex. Ă  Lescun mounĂĄko chatte , par ex. Ă  Toulouse mouna, Ă  Barcelonnette mounet, en Limousin mounasso autres animaux , par ex. en provençal mouno gadus merlangus », mouna Ă  Nice et Ă  Palavas. Toponymie. Devinez quel sens est Ă  l’origine du toponyme. Un indice → Calanque Mounine trĂšs belle photo par Amodalie. Un visiteur me fait parvenir un jolie lĂ©gende sur l’origine du mĂȘme toponyme situĂ© cette fois dans l’Aveyron, le Saut de la mounine Vue sur le chĂąteau de Montbrun au Saut de la Mounine » by Daniel CULSAN – Own work. Licensed under CC BY-SA via Wikimedia Commons. Une jolie histoire Ă  insĂ©rer, si cela vous semble opportun, aprĂšs l’article mounine » j’y suis allĂ© en vacances, Ă  Saujac; c’est Ă  cĂŽtĂ© de Cajarc, lĂ  oĂč on trouve le cĂ©lĂšbre Moulinot » de Coluche
 c’est pour ça que mounine », que je n’avais jamais entendu avant, me parle En suivant la D 24 vers Saujac, on dĂ©bouche en haut d’abruptes falaises enface, le chĂąteau de Montbrun et un large mĂ©andre du Lot. Le saut de la Mounine tire son nom d’une vieille lĂ©gende. Un ermite, au retour d’un pĂšlerinage Ă  Compostelle s’était retirĂ© dans une grotte en compagnie d’une mounine une guenon. Le sire de Montbrun ne pouvant accepter l’amour de sa fille Ghislaine pour le fils de son pire ennemi jure qu’il aimerait mieux la voir se prĂ©cipiter dans le vide. La fille vint confier ses malheurs Ă  l’ermite. Celui-ci sacrifia la guenon vĂȘtue des habits de Ghislaine, en la prĂ©cipitant du haut de la falaise, pour simuler sa mort. Le chĂątelain est bouleversĂ© Ă  la vue de la dĂ©pouille qu’il croit ĂȘtre de sa fille. Le stratagĂšme dĂ©voilĂ©, il accorde le pardon et sa main au jeune galant. PessugĂ  "pincer" PostĂ© par Robert Geuljans le 22 Jan 2012 dans p 0 comments Pessuguer pincer, attraper ». en français rĂ©gional. L’étymologie est une racine *pints- saisir, pincer » rĂ©pandue dans les langues romanes ; une variante sans nasale *pits- se trouve dans les langues romanes et germaniques, comme dans mon parler natif Roermond, NL pitsen pincer », en wallon pici et en italien pizzicare. Un fidĂšle visiteur nĂźmois m’a signalĂ© cette expression qui d’aprĂšs lui se dit souvent chez les paysans de la rĂ©gion pessuguer qui veut dire attraper ». Je retrouve le mot sur internet, le plus souvent avec un sens proche de pincer ». Selon Alibert la forme langedocienne est pecigar pincer, attraper ». A La Seine-sur-mer Pessuguer Prov. pessuga Pincer. Signifie Ă©galement au fig. prendre sur le fait, arrĂȘter. Vairolatto le Garde, lui, s’il en pessugue un, il lui fera passer un mauvais quart d’heure. Voir aussi l’expression les mounines doivent le pessuguer ! En occitan nous ne trouvons que des dĂ©rivĂ©s de *pits. La premiĂšre attestation date du XIIe siĂšcle. Dans le Lexique de 1 Le verbe pessugar et les dĂ©rivĂ©s comme pessugado pincĂ©e, petite quantitĂ© », pessuc pinçon; pincĂ©e » se trouvent en provençal, languedocien et gascon. Nous le retrouvons en catalan pecigar pincer » et lĂ©gĂšrement dĂ©formĂ© sous l’influence de pellis peau » en espagnol pecilgar, ainsi que dans les parlers nord-italiens, piemontais pessiĂš pincer » et gĂȘnois pessigĂ  piquer ». Comme composĂ© il y a surtout le verbe espessugĂ  pincer » qui a pris dans l’Aveyron le sens Ă©plucher quelque chose qu’on mange sans appĂ©tit » et l’adjectif espessugaire. _______________________________ Français rĂ©gional, la Cigale et la Fourmi PostĂ© par Robert Geuljans le 26 DĂ©c 2013 dans f 0 comments Plusieurs visiteurs ont eu la gentillesse de m’envoyer la fable LA CIGALE ET LA FOURMI façon provençale !!! Ă©crite par Caldi Richard . Je crois qu’elle voyage librement sur le web. Une excellente occasion pour moi de m’en servir pour illustrer la notion de français rĂ©gional. Mode d’emploi gras rouge = lien vers l’article dans mon site. gras bleu = note en bas de page. gras marron = lien vers le TrĂ©sor de la langue française TLF. CIGALE ET LA FOURMI façon provençale ! par Caldi Richard ZĂ©zette, une cagole de l’Estaque, qui n’a que des cacarinettes dans la tĂȘte, passe le plus clair de son temps Ă  se radasser la mounine au soleil ou Ă  frotter avec les cĂ cous1 du quartier. Ce soir-lĂ , revenant du baletti2 oĂč elle avait passĂ© la soirĂ©e avec DĂ©dou, son bĂ©guin, elle rentre chez elle avec un petit creux qui lui agace l’estomac. Sans doute que la soirĂ©e passĂ©e avec son frotadou lui a ouvert l’appĂ©tit, et ce n’est certainement pas le petit chichi qu’il lui a offert, qui a rĂ©ussi Ă  rassasier la poufiasse. Alors, Ă  peine entrĂ©e dans sa cuisine, elle se dirige vers le rĂ©frigĂ©rateur et se jette sur la poignĂ©e comme un gobi sur l’hameçon. LĂ , elle se prend lestoumagade3 de sa vie. Elle s’écrie – » Putain la cagade! y reste pas un rataillon4, il est vide ce counas. En effet, le frigo est vide, aussi vide qu’une coquille de moule qui a croisĂ© une favouille. Pas la moindre miette de tambouille. Toute estransinĂ©e5 par ce putain de sort qui vient, comme un boucan, de s’abattre sur elle, ZĂ©zette rĂ©signĂ©e se dit – » TĂš vĂ©, ce soir pour la gamelle, c’est macari, on va manger Ă  dache6 . C’est alors qu’une idĂ©e vient germer dans son teston. – » Et si j’allais voir Fanny ! se dit-elle. – » En la broumĂ©geant un peu je pourrai sans doute lui resquiller un fond de daube . Fanny c’est sa voisine. Une pitchounette brave et travailleuse qui n’a pas peur de se lever le maffre7 Aussi chez elle, il y a toujours un tian qui mijote avec une soupe au pistou ou quelques artichauts Ă  la barigoule. ZĂ©zette lui rend visite. – » Bonsoir ma belle, coumĂ© sian ! Dis-moi, comme je suis un peu Ă  la dĂšche en ce moment, tu pourrais pas me dĂ©panner d’un pĂ©ton de nourriture ! Brave comme tu es, je suis sĂ»re que tu vas pas me laisser dans la mouscaille. En effet, Fanny est une brave petite toujours prĂȘte Ă  rendre service. Mais si elle est brave la Fanny elle est aussi un peu rascous = rascas teigneux »? et surtout elle aime pas qu’on vienne lui esquicher les agassins quand elle est en train de se taper une grosse bugade; ça c’est le genre de chose qui aurait plutĂŽt tendance Ă  lui donner les brĂšgues. Alors elle regarde ZĂ©zette la manjiapan8 et lui lance – » Oh collĂšgue ! Tu crois pas que tu pousses le bouchon un peu loin ? Moi !!!, tous les jours je me lĂšve un tafanari comaco pour me nourrir ! et toi pendant ce temps lĂ , qu’est-ce que tu fais de tes journĂ©es? – » Moi !!???? , lui rĂ©pond la cagole – » J’aime bien aller m’allonger au soleil ! ça me donne de belles couleurs et ça m’évite de mettre du trompe couillon. » – » Ah ! Tu aimes bien faire la dame et te radasser la pachole9 au soleil, et bien maintenant tu peux te chasper. – » Non mais ???!!!! , qu’es’aco ? C’est pas la peine d’essayer de me roustir10 parce que c’est pas chez moi que tu auras quelque chose Ă  rousiguer, alors tu me pompes pas l’air, tu t’esbignes et tu vas te faire une soupe de fĂšves. Texte de Caldi Richard _________________________________________ SOMMAIREComment savoir si une personne ment ou si elle dit la vĂ©ritĂ© ?Comment reconnaĂźtre un menteur en amour ?Comment savoir si quelqu’un ment ?1/ La voix permet de dĂ©tecter un menteur 2/ Les yeux et le regard trahissent le menteur 3/ Les mains du menteur se cachent 4/ Le stress du menteur se voit 5/ La posture particuliĂšre du menteur Comment piĂ©ger un menteur ?Que faire si vous avez tendance Ă  attirer vers vous les menteurs pathologiques ? Que diriez-vous de savoir reconnaĂźtre les menteurs et les menteuses ? Et si je vous disais que sans le savoir, vous possĂ©dez en vous un dĂ©tecteur de mensonges ? Vous allez peut-ĂȘtre me dire que ce serait trop beau pour ĂȘtre vrai
 Et pourtant
 Il suffit de le dĂ©couvrir et savoir le faire fonctionner. Comment ReconnaĂźtre un Menteur ? Cela semble invraisemblable mais c’est pourtant la rĂ©alitĂ© La communication verbale les mots reprĂ©sente seulement 10% des moyens que nous employons pour faire passer notre message. Et si nous pouvons contrĂŽler les mots, il n’en va pas de mĂȘme pour le langage de notre corps qui est principalement inconscient. Vous l’avez compris, pour savoir si quelqu’un ment ou s’il dit la vĂ©ritĂ©, il suffit de savoir dĂ©crypter le langage de son corps. En effet, si le mensonge s’exprime par la parole, il se reconnaĂźt dans le langage corporel. On peut dire qu’inconsciemment, un menteur est trahi par son corps ! La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez apprendre Ă  dĂ©crypter le langage non verbal pour dĂ©coder les expressions corporelles qui trahissent les menteurs. . Comment reconnaĂźtre le mensonge d’un homme qui semble » amoureux ? Pour le reconnaĂźtre, lisez cet article Comment savoir s’il m’aime ou s’il me manipule. . Comme je vous le disais, pour savoir si une personne ment, il suffit d’observer attentivement son langage non verbal. Et la premiĂšre chose qui se remarque chez un menteur, c’est un manque de cohĂ©rence entre ce qu’il dit son langage verbal et la gestuelle de son corps son langage corporel. Les personnes honnĂȘtes et sincĂšres renforcent instinctivement leurs mots avec la bonne gestuelle. Elles disent oui » et font oui » avec la tĂȘte. A l’inverse, les personnes malhonnĂȘtes et menteuses auront tendance Ă  avoir des gestes moins naturels et plus hĂ©sitants. Elles vont se contredire dans le langage corporel elles disent oui » et font inconsciemment non » avec la tĂȘte par exemple. C’est Ă  vous d’ĂȘtre attentif pour dĂ©tecter ce manque de concordance entre le verbal et le non verbal. Vous noterez tous les gestes qui ne sont pas cohĂ©rents avec le discours. Voici 5 autres signes du langage corporel qui vous permettront de reconnaĂźtre un menteur . 1/ La voix permet de dĂ©tecter un menteur La voix est souvent hĂ©sitante chez celui qui ment. Le menteur est connu pour bafouiller quand il s’exprime. . 2/ Les yeux et le regard trahissent le menteur Le menteur a tendance Ă  dĂ©tourner son regard, il Ă©vite de fixer et regarder droit dans les yeux. MĂ©fiez-vous aussi des gens qui vous fixent constamment dans les yeux, ce sont aussi des menteurs ! Si vous ĂȘtes calculateur, vous pourrez compter le clignement des yeux du menteur. Celui-ci s’accĂ©lĂšre nettement en cas de mensonge. Ce signe est fiable pour reconnaĂźtre quelqu’un qui ment. . 3/ Les mains du menteur se cachent Les menteurs vont inconsciemment fermer les mains et les cacher dans leur dos ou dans leurs poches. Parfois ils cachent leurs mains en croisant simplement leurs bras. Si vous observez quelqu’un qui met sa main devant sa bouche, cela peut Ă©galement signifier qu’il ment ou qu’il tente inconsciemment d’empĂȘcher le mensonge de sortir
 . 4/ Le stress du menteur se voit On peut reconnaĂźtre un menteur Ă  son Ă©tat de stress et de culpabilitĂ© intĂ©rieure. Le stress du menteur se remarque Ă  son incapacitĂ© Ă  rester calme Ă  sa place. Le menteur se met en action, vous le verrez tout le temps en train de bouger comme quelqu’un qui se cherche une position plus confortable. . 5/ La posture particuliĂšre du menteur Un menteur se sent menacĂ© et aura alors tendance Ă  vouloir prendre la fuite. Il va donc se mettre en position de partir le menteur recule, il se balance en arriĂšre, il se cache derriĂšre un objet, son corps et ses pieds s’orientent doucement vers la sortie
 Mais ce n’est pas tout
 En lisant mon livre ci-dessous; vous allez dĂ©couvrir les 25 signes qui trahissent tous les menteurs Comment ReconnaĂźtre un Menteur 25 Signes . Vous pouvez piĂ©ger les menteurs ou les personnes qui vous trompent en les prenant par surprise. La façon la plus facile est de leur poser une question difficile ou imprĂ©visible c’est Ă  dire une questions Ă  laquelle ils ne s’attendaient pas. Pris au dĂ©pourvu, le menteur va se trahir par des changements dans son comportement et dans ses rĂ©actions verbales et corporelles. Vous pouvez aussi surprendre et attraper un menteur en lui demandant de raconter son histoire une deuxiĂšme fois mais Ă  l’envers – en commençant par la fin. Si la personne dit la vĂ©ritĂ©, elle ne manifestera aucune gĂȘne ni aucune inquiĂ©tude Ă  devoir se rĂ©pĂ©ter mĂȘme Ă  l’envers. . Que faire si vous avez tendance Ă  attirer vers vous les menteurs pathologiques ? Si vous avez rĂ©guliĂšrement affaire Ă  des personnes menteuses dans votre entourage, il se peut qu’inconsciemment, sans vraiment le vouloir, vous attiriez les menteurs et les menteuses
 Dans ce cas, il vous suffit d’inverser la tendance en apprenant Ă  attirer vers vous les personnes honnĂȘtes et sincĂšres. . Auteur de cet article MichaĂ«l LIZEN - Copyright ©2020 All Rights Reserved - Tous Droits RĂ©servĂ©s .

comme tu fais on te fera ecrit en arabe